Description: | Au 17e siècle et jusqu'à la Révolution, Bonneval sert de noviciat régional: c'est à l'abbaye que doivent être formés tous les novices des abbayes cisterciennes du Sud-Est. De fait, l'abbaye est tenue pour fervente et régulière. De nombreux moines sont formés au collège des Bernardins de Paris ou de Toulouse. Le dernier abbé régulier, par exemple, Jean-Aymar Frayssinous, était «docteur en Sorbonne, lecteur, régent et professeur royal de théologie à l’Université de Toulouse». Mais le régime de la commende, imposé à Bonneval dès 1473 altère la vie de la communauté sur tous les plans: économie, recrutement, régularité de la vie monastique. Mais Bonneval semble avoir eu la chance de ne pas tomber totalement dans la décadence fréquente des établissements religieux de l'époque: à la fin du 18e siècle, quand la Commission des Réguliers décrit la vie monastique en France, Bonneval fait partie des cinq seules abbayes cisterciennes à recevoir des éloges. En effet, les moines continuaient à célébrer l'office, à suivre la Règle et les Us de l'Ordre et ils faisaient des aumônes, même si on est en droit de s'interroger sur la façon dont ces aumônes s'effectuaient car elles ne représentaient qu'une petite part des revenus que les moines percevaient sur la population alentour: droits de fermage, droits seigneuriaux, dîme. On était loin de l'esprit des premiers cisterciens, et de saint Benoît qui affirmait: ils seront vraiment moines s’ils vivent du travail de leurs mains. Au moment de la Révolution, les treize moines présents sont chassés de l'abbaye (1791). L'abbaye est alors découpée en lots et vendue comme bien national. Les bâtiments servent de carrière de pierres. La façade du 18e disparaît en grande partie (mais les parties plus anciennes, construites en schiste, intéressent moins les démolisseurs). En 1875, à la demande du Cardinal Bourret évêque de Rodez, les cisterciennes de Notre-Dame de Maubec (Drôme, aujourd'hui Blauvac dans le Vaucluse) envoient une petite colonie de sœurs pour faire renaître Bonneval, avec l'aide de frères d'Aiguebelle. Parmi eux, le Père Emmanuel Bernex apporte une aide précieuse, notamment en communiquant aux sœurs les recettes de fabrication du chocolat utilisées à Aiguebelle, et en faisant installer sur la rivière une turbine électrique dès 1881 (Il sera ensuite abbé de Bonnecombe, autre ancienne abbaye cistercienne en Rouergue). |